Fablab universitaire, le Créatelier

Les objets connectésL'industrie du futur
3 février 2017

A l’heure où la plupart des étudiants se délectent d’un morceau de pizza, découpe lasers et autres imprimantes 3D sont à l’œuvre dans le petit atelier de l’IUT de la Fleuriaye. C’est ici que nous reçoit Pierre Malige, professeur de conception et animateur du Créatelier, le fablab universitaire local.

 

Pierre, peux-tu nous décrire un peu ce qui se fait ici ? D’où est né le Créatelier ?

« Alors le Créatelier est une extension de type fablab, de l’Atelier du réseau AIP PRIMECA, qui lui est un lieu de transfert de dimension industrielle, de la recherche vers la formation et l’entreprise. C’est un espace de conception, en libre-service pour les étudiants qui souhaitent concrétiser leurs idées. Il y a ici, plusieurs machines qui permettent de réaliser un prototype fonctionnel : des imprimantes 3D, une découpe laser […]. C’est surtout un espace de partage, de “bidouille”, de réappropriation où les étudiants viennent travailler ensemble sur leurs idées. »

DiY au Fablab

 

Un espace libre, comment ça fonctionne ?

« Durant la permanence, je les laisse venir les étudiants avec leur projet, je ne suis là qu’en cas de besoin. J’essaie au maximum de les laisser s’entraider entre eux et de favoriser ce type d’interaction. Le Créatelier est un lieu de partage on apprend ensemble. »

 

En quoi, ce fablab est-il une plus-value, sachant que la formation comporte déjà des TD (Travaux dirigés) ?

« Les travaux dirigés sont par définition orientés, ils sont focalisés sur le développement de comportements précis par l’étudiant et d’objectifs à atteindre. Le Créatelier est un autre type d’apprentissage. On est plus sur l’apprentissage d’un savoir-faire ou d’un savoir être que sur l’acquisition d’un savoir technique précis et prédéfini. Cet espace permet d’apprendre à mieux penser, ou du moins à penser différemment.

La traduction en français de “design”, c’est concevoir et fabriquer. Ici, les étudiants prototypent, et lors du processus de prototypage ajustent et ré-évaluent leur projet, on procède à de nombreuses itérations, c’est en cela que l’on apprend à penser. En plus, l’espace permet de rapprocher encore plus les filières et de renouveler les manières de travailler. On expérimente à la fois sur les objets qu’on fabrique et sur les méthodes de travail. Je pense que le Créatelier est une plus-value puisqu’il crée une synergie pluridisciplinaire, ce qui est essentiel à l’heure actuelle où les objets connectés, la robotique… sont des projets complexes qui nécessitent une expertise dans des domaines combinés. »

 

Finalement, si les étudiants apprennent seuls dans le fablab, où est la place de l’enseignant?

« Je ne pense pas que les deux manières d’apprendre se substituent l’une à l’autre. Elles sont vraiment complémentaires. C’est bien d’apprendre seul, mais on a aussi besoin d’être ”pris par la main”. Les cours viennent apporter une connaissance du monde industriel, des protocoles, qu’en général, les étudiants connaissent peu ou mal… L’enseignant vient recadrer l’effervescence créative et lui permettre de se concrétiser en respectant certaines règles. Il n’y a donc pas de concurrence entre les fablabs et les méthodes plus traditionnelles d’apprendre, et un réel gain à s’appuyer sur les deux dans l’enseignement. »

 

Tu as des exemples concrets d’activités pédagogiques initiées par des enseignants dans ce fablab?

« Il y a eu un workshop de 3 jours alliant les filières de Génie mécanique (GMP) et de Qualité Logistique (QLIO) où l’objectif était de faire du design ensemble autour de la conception d’une horloge. Il y a eu un autre workshop d’une semaine. Et, un autre de 3 semaines lors de la coupe de France de la robotique. La présence des enseignants y était plus ponctuelle. Dans l’idée, c’est l’évènement qui suscite la motivation. On a par exemple, essayé de mettre en place un “cyclolab” , donc un espace de création ou de réparation de vélo, mais hors contexte, le cyclolab reste le “parent pauvre” du Créatelier.

Ce qui est nouveau également dans les pratiques pédagogiques : c’est la mise en contact direct de l’étudiant avec des entreprises. Dans le cadre de la structure du transfert de technologie, l’enseignant est dans une position de conseil vis-à-vis des entreprises – avec le Créatelier, l’expertise reste à la main de l’enseignant mais l’étudiant a maintenant un grand rôle dans la phase de conception au sein du fablab. »

 

JG